Sortie d'Séance - 2015
Vus en l'année 2015
Ceci est plus proche du pense-bête pour me souvenir des films vus cette année que de réelles critiques. Quoiqu'il en soit, il y a ici quelques pépites à voir !
"Petites Casseroles"
par Anna Kadykova (Russie), Beatrice Alemagna (Italie), Gottfried Mentor (France), Lotta Geffenblad et Uzi Geffenblad (Suède), Conor Finnegan (Irlande), Eric Montchaud (France)
(pfiou!)
6 petits courts-métrage pour jeunes enfants (et grands enfants aussi, ça marche). Découvrez les petites casseroles que traînent les petits héros de 6 petites histoires au styles graphiques très variés. Hymne aux petites particularités de chacun qui font nos différences. Charmant, rigolo et touchant. À faire découvrir à tous :)
"Les deux amis" de Louis Garrel (France)
Premier film de Louis Garrel autour de l'étrange amitié entre un beau gosse dépressif (Louis Garrel, pas fou le bougre) et un pauvre bougre un peu fou lui (Vincent Macaigne) qui rencontre une jeune femme en semi-libertée (la très belle Golshifteh Farahani). Des personnages et des situations un peu caricaturales (oui, j'adapte la grammaire française) pour construire un film assez surprenant et finalement pas aussi mauvais que je le trouvais en sortant de la séance.
"Phantom Boy" d'Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli (France)
En présence de Jacques-Rémy Girerd (producteur et réalisateur du film "La prophétie des grenouilles" et "Mia et le migou".
Un superbe film d'animation, mis en couleur notamment par une gersoise quasiment voisine et fort sympathique qui pourrait faire de prochains ateliers au cinéma ! J'ai été assez surpris de voir un véritable film policier adapté aux enfants, ce qui était déjà le cas du précédent film du dui "Une vie de chat". Un esthétique propre, plus de 120 000 dessins et 5 ans de travail pour un résultat vraiment plaisant et original. La French Touch est toujours là !
"Dheepan" de Jacques Audiard (France)
Dheepan. Palme d'Or Cannes 2015. Pourquoi pas. Ne serait-ce que pour la montée des escaliers (dans le film, pas à Cannes) qui est un monument cinématographique. On a presque l'impression que le film a été construit pour arriver à ce moment là, 1h45 de mise en scène pour 5 minutes de western moderne. Les personnages sont sympathiques et attachants malgré (grâce) à leurs zones d'ombres. Mais j'ai ressenti ce film plus comme un tremplin qu'a construit Audiard pour avoir accès au territoire américain qu'un film vraiment politique. Et que dire de cette fin :/ Bref. Pas sûr que d'autres films ne méritaient pas la Palme.
"While we're young" de Noah Baumbach ('Merica)
Séance comédie américaine relatant l'écart entre deux générations, celle d'avant moi et celle d'après moi. Du coup, je ne me reconnais dans aucune. Le propos était intéressant, mais comme toute comédie américaine, superficiel et pas très fin. Faut dire qu'il y a Ben Stiller. Je savais pas avant de rentrer dans la salle, promis. Bon, voilà. C'était rigolo de voir ces jeunes hipsters aux dents longues et ces jeunes quadra bobo-geeks. Un film qui a le mérite d'être de son temps mais qui n'aura plus aucun intérêt d'ici sa diffusion télévisuelle.
"No Land's Song" d'Ayat Najafi (Iran)
Ce documentaire retrace le dur combat de Sara Najafi pour arriver à se faire produire sur scène des chanteuses solistes en Iran. Un projet, un combat, un acte militant, presque désespéré, inespéré dans cet Iran où le pouvoir souhaite faire taire les femmes, dans cet Iran qui a connu des chanteuses engagées pourtant. À nouveau, on est touché par ce peuple sous l'emprise d'un pouvoir religieux. Bravo à Sara et toutes les chanteuses iraniennes, et aux chanteuses françaises, Jeanne Cheral, Elise Caron et cette superbe voix tunisienne, et engagée qu'est Emel Mathlouti pour avoir mené ce combat.
J'ai eu la chance de pouvoir passer quelques temps avec le réalisateur et Anne, productrice du film. Ce fut un vrai beau moment d'échange et de discussions autour du casse-tête que fut ce film, de l'histoire des rencontres avec les différentes artistes et sur le monde iranien d'aujourd'hui. Un film aussi éblouissant qu'Ayat et Anne !
"Mustang" de Deniz Gamze Ergüven (Turquie)
Un superbe film sur l'entrée dans la vie de femmes de 5 sœurs turques. Élevées de manière plutôt libérale par leur grand-mère suite à la mort de leurs parents, Soyan, Selma, Ecce, Nur et Lale, la petite dernière, se voient rappeler à l'ordre et aux "bonnes moeurs" par leur oncle suite à quelque plainte d'une voisine trop puribonde. Bref, la fin de l'innocence et, dans cette campagne turque, cela voulait donc dire le mariage. Ce film nous montre, tout en rire au début et en pleurs à la fin, le poids social supporté par ces jeunes filles, ces futures femmes, l'abandon de leur être pour en faire des femmes habillées en "robe couleur de merde", des violences qu'elles subissent en silence, de leur besoin de liberté. L'histoire est magnifiquement portée par un scénario très fin dont de nombreuses scènes portent la symbolique assez loin. Par exemple, quand Soyan doit être présentée à des mères pour la marier et que la grand-mère remplace par sa cadette au dernier moment, nous montrant le peu d'importance apporté à l'identité de la future mariée, ou quand la maison familiale érigée travaux après travaux suite aux escapades des filles devient une prison mais surtout à la fin, le refuge des deux dernières qui enferment tout le monde à l'extérieur. Bref, beaucoup de finesse, de message, d'espoir, de douleurs, de tristesse, des cris, des larmes et des sourires. Et la dure réalité des jeunes femmes de ce pays...
PS : J'en profite pour vous conseiller de voir "Offside" de Jafar Panahi, juste extraordinaire histoire autour de quelques jeunes iraniennes qui ont tout fait pour voire un match de foot et se retrouvent parquées tout à côté de l'enceinte du stade. Un bijou.
"Los hongos" de Oscar Ruíz Navia (Colombie)
Très bon film sur la jeunesse colombienne, autour de deux jeunes graffeurs qui cherchent à exprimer leur art et leur révolte dans une Colombie qui s'ouvre de plus en plus mais qui reste minée par ses maux historiques : violence, d'état ou non, narco-politique, religiosité, corruption. Mais de ce film qui aurait pu montrer la violence, le rejet, transparaît une belle amitié entre Calvin et Ras, un beau respect des aînés, l'envie montante de reprendre en main la poltique, de s'exprimer, d'agir. Le film se finit par une très belle scène où Calvin et Ras se retrouvent perchés dans un arbre et se disent vouloir peindre leurs mères. Tout simplement. " vale la pena un hongo " : ça vaut un champignon. Ce n'est pas grave. Tout simplement.
"Broadway Therapy" de Peter Bogdanovich (USA)
Ah, un bon vaudeville que n'aurait pas renié Feydeau, toutes les règles y étaient ! Ç'aurait pu être aussi un très bon remake d'un De Funès !
"À la poursuite de demain" de Brad Bird ('Merica)
Quand Dr House retrouve le Dr Doug Ross, bah, ils essaient de soigner le monde, forcément. Mais à grand coup d'univers parallèles, de futurs d'un passé ne modifiant pas le passé futuriste de l'avenir, bah, ça a perdu mon loulou qui a quand même vachement aimé le film. Bon, enfin, voilà. Disney pour les 8-12 ans.
"La loi du marché" de Stéphane Brizé (France)
Un très bon Vincent Lindon dans un film moins bon. Une satire sociale, très réaliste, mais sans grande surprise ni prise de risque.
"Taxi Teheran" de Jafar Panahi (Iran)
Tranche de vie d'un taxi pas ordinaire de Teheran dont le conducteur est le célèbre réalisateur du film (apparemment, il faut voir notamment son "Hors Jeu"). Des personnage atypiques et attachants s'y succèdent en racontant l'Iran aujourd'hui, sans fausse pudeur, ni faux semblants. C'est aussi la description d'un pays moderne et d'habitants ouverts; malheureusement gouverné pour une classe politique qui est, elle, en décalage avec ce qui peut être la réalité de cet Iran.
Voilà un réalisateur militant et engagé qui a su par ailleurs imaginé une manière surprenant de filmer pour nous montrer son pays. Une vraie leçon de cinéma.
J'ai depuis vu "Offside" / "Hors Jeu" qui est aussi un extraordinaire film sur quelques jeunes femmes qui cherchent à assister à un match de foot en Iran. Touchant, dur, drôle, engagé, magnifique.
"Une seconde mère" d'Anna Muylaert (Brésil)
Un bon moment, rafraîchissant, servi par de très bons acteurs quoiqu'un peu caricaturaux, mais juste ce qu'il faut pour être drôle sans que ça en devienne lourd. C'est catégorisé drame, mais ça n'a pas lieu !
Prix du public à Berlin et prix du jury au festival Sundance, on a pu en profité en avant-première ici :)
"Une belle fin" d'Uberto Pasolini (Grande-Bretagne / Italie)
John May n'a qu'un but dans sa vie : son boulot. Et celui-ci consiste à trouver les proches de personnes décédées s'il y en a et d'organiser les funérailles. Malheureusement, il y est toujours seul. Tout comme dans sa vie. Sa vie monotone et quasiment obsessionnelle va changer le jour où son patron lui annonce qu'il est licencié. Lui restera alors sa dernière mission à finir : s'occuper des funérailles de son voisin. Un film tendre malgré l'aridité apparente, portée par le décalage entre la vie de John May, austère, solitaire et son envie de relier les amis, les familles à leurs morts récents. C'est aussi l'histoire de sa libération finale. Un très beau film. Ça faisait longtemps que je n'avais autant pleuré...
"Mad Max Fury Road" de Georges Miller (Astralie)
Max est de retour, et il est pas content. En fait, personne n'est content dans ce film. Du coup, ça part en cacahuète, forcément ! Ceci dit, ce sont de forts belles cacahuètes pour qui ils et elles se battent ! Un vrai bon Mad Max, esthétiquement plaisant avec des caracter design de folie ! Un bon gros blockbuster mais à voir vraiment !
"La maison au toit rouge" de Yoji Yamada (Japon)
Un joli moment, une jolie esthétique, la touchante histoire de cette jeune fille, bonne dans une famille un peu aisée japonaise, qui assiste à l'histoire d'amour de sa patronne avec un charmant employé de son patron. Histoire racontée à travers son autobiographie, écrite avec l'appui complice de son petit-neveu qui essaiera de boucler la boucle.
"Voyage en Chine" de Zoltan Mayer (France)
Envoyer Yolande Moreau en Chine ne suffit pas à faire un bon film. Par contre, félicitations du jury à l'Office du Tourisme du Sichuan qui a bien vendu son petit coin de paradis chinois.
"En quête de sens" de Nathanaël Coste et Marc de la Ménardière (France)
Quand un jeune mec du service marketing d'un vendeur de bouteilles d'eau se dit "tiens, et si je laissais tomber mon boulot débile pour aller faire un roadtrip avec mon pote étudiant cinéaste grâce à mes milliers d'€uros de primes (et le soutien de crowdfunders) pour aller découvrir la vérité vraie de la vie ?". Bienvenue au pays de OuiOui. C'est sympa, je le sais, j'y vis. Mais bon, ça survole un peu, ça manque quand même de réflexions profondes. Allez, on va dire que c'est rafraichissant, va !
"Sud Eau Nord Déplacer" d'Antoine Boutet (France)
Suivi d'une discussion avec le réalisateur. Un très beau film à tendance documentariste sur le Nan Shui Bei Diao, projet pharaonique chinois (et non égyptien) permettant d'apporter l'eau du Sud de la Chine dans le Nord. Oui, rien que ça. Attention, les plans fixes sont magnifiques mais peuvent provoquer la somnolence !
"CitizenFour" de Laura Poitras (USA)
Formidable documentaire sur l'annonce par Edward Snowden du scandale de la surveillance généralisée instaurée par la NSA. Un documentaire anthologique qui devrait marquer les esprits à l'heure où la France veut appliquer les mêmes technologies et des méthodologies encore plus allégées que les USA en leur temps. Bref, c'est véritablement un must-see pour qui n'accepte pas de voir sa vie intime partir en fumée pour les souhaits de l'administration.
La diffusion a été suivie d'une longue discussion que j'ai animée sur le sujet de la Loi Renseignement. Elle fut productive et les spectateurs ont été touchés par les arguments, bien aidés avons-nous été par ce film.
"Hacker" de Michael Mann ('mérica)
Un excellent thriller informatique. Si tant est qu'on soit retourné dans les années 90 et qu'on n'y pipe que dalle en informatique. Attendez sa diffusion sur NRJ12 en troisième partie de soirée si vraiment vous voulez le voir.
"Shaun le mouton" de Mark Burton et Richard Starzak(Grande-Bretagne)
Un bon moment de détente, avec du stop motion artisanal de très haute qualité. Ça fait du bien de retrouver un regard d'enfant !
"Inherent Vice" de Paul Thomas Anderson (USA)
Bof. Certainement très bien en roman. Long, sans grand suspens et finalement ennuyeux sur grand écran.
"Timbuktu" d'Abderrahmane Sissako (France / Mauritanie)
D'une intélorable beauté. Totalement paradoxal. Un chef d'oeuvre.
"Snow Therapy" de Ruben Östlund (Suède)
mon article : et si l'Homme n'était qu'homme ?
"Blackmail" d'Alfred Hitchcock (Grande-Bretagne)
(re)sonorisé par RadioMentale. J'aurai préféré la fin bis concoctée par Hitchcock.
"Les gardiens du nouveau monde" de Florian Laval (France)
Documentaire sur les gentils z'hackers qui protègent le monde libre. Pas un grand documentaire, intéressant mais sans plus.
"Whiplash" de Damien Chazelle (USA)
mon article : Le bruit de l'onanisme musical anhédonique en duo. Pour mon plus grand plaisir.
"Felix et Meira" de Maxime Giroux (Canada)
Une histoire d'amour qui finit bien. Triste. Car pour être heureux, il faut être libre. Aussi bien dans sa vie que dans son être.
"Jupiter : Le destin de l'Univers" des frère et soeur Wachowski ('mérica)
En vrai, moi aussi, je suis le roi de la galaxie et je fais du surf sur des chaussures volantes. mais chuuuut.
"Imitation Game" de Morten Tyldum (americano-grand breton)
Vous ne vous moquerez plus du geek qui traine avec vous. Enfin, si on était toujours en 1940. Ceci dit, un héros de l'histoire pourchassé par sa propre justice pour des raisons iniques, ça fait toujours mal.
"Les nouveaux sauvages" de Damián Szifron (Argentine)
6 courts-métrages, tous dérangeants, mais on rit beaucoup. Jaune mais beaucoup.
"M le Maudit" de Fritz Lang (Allemagne)
Grandiose, superbement interprété (quoiqu'un peu surjoué bien entendu), tellement d'actualité encore. Un chef d'oeuvre.
"'71" de Yann Demange (Grande Bretagne)
De l'ineptie de la lutte armée. Quand les combattants armés se battent pour des idées contre des hommes qui n'ont rien demandé. Et finalement, les seuls à en tirer profit ne sont pas les belligérants. À méditer.
"Hope" de Boris Lojkine (France)
Superbe histoire de deux migrants qui, par la force des choses et des situations, finissent mariés. Pas vraiment une histoire d'amour. Mais une belle histoire d'humanité. Et qui montre la dure réalité des courageux immigrés.
Le film a été suivi d'une discussion avec le réalisateur.